Si l’outre-mer apparaît comme une aire de déploiement idéale de la transition écologique, il manque sur place de moyens financiers pour relever le défi. De Mayotte à La Martinique en passant par la Guadeloupe, les Epl locales ont acquis suffisamment d’expérience pour répondre au défi.

C’est une image de carte postale : parcs solaires que l’on devine au milieu des palmiers, installations marines idéalement placées pour profiter des vents généreux. En outre-mer, les énergies renouvelables pourraient trouver un terrain de jeu idéal. Un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE), publié en 2011, l’avait pressenti : « L’outre-mer doit être clairement considéré comme un véritable laboratoire ».
Les conditions climatiques n’expliquent pas à elles seules ce contexte favorable. S’il est bien un endroit où la transition énergétique s’impose comme une urgence, c’est bien dans ces territoires sans connexion avec le continent et où la production autonome d’électricité relève de la survie. La loi de transition énergétique de 2015 fixe aux autorités ultramarines un objectif ambitieux : 50 % d’énergies renouvelables en 2020, autonomie complète en 2030 ! À ce jour, les énergies renouvelables représentent 27 % de la production électrique des Drom (départements et régions d’outre-mer) avec de fortes disparités : 62 % en Guyane — grâce à une forte production hydraulique —, 36 % à La Réunion, 7 % en Martinique.
Sur le terrain, ce n’est pas gagné
Dans l’entretien qui ouvre ce dossier, Albert Elatré, PDG de la Sem Guadeloupe EnR, alerte : « Ce scénario est ambitieux mais cohérent. Pour l’écrire, il faut que l’État nous permette d’accompagner financièrement les programmes des communes. Or, nous sommes condamnés à attendre que Bercy lâche du lest pour mettre en œuvre le PPE (Plan pluriannuel énergie) de la Guadeloupe ». Par exemple, Mayotte, qui a frisé le black-out en octobre 2017, présente une situation énergétique complexe. La Saem Électricité de Mayotte (EDM), seul opérateur local, produit, distribue et commercialise 340 GWh à 44 000 clients grâce à ses 230 salariés. Mais sa situation monopolistique a compliqué la recherche de solutions alternatives alors que la consommation a doublé en 10 ans du fait de l’explosion démographique. La solution ne peut se trouver que dans les EnR.
Le même défi se pose à la Martinique, dont la dépendance aux énergies fossiles atteint… 97% ! Dans un nouveau paysage de l’énergie, la Spl Martinique Énergies Nouvelles entend bien s’imposer comme l’acteur incontournable des collectivités en impulsant « une démarche bioénergétique innovante et exemplaire ».
Le « laboratoire » présenté par le CESE repose donc sur des spécificités locales qui réclament des réponses adaptées sur lesquelles planchent les Epl depuis plusieurs années…
« Viser l’autonomie énergétique complète en 2030 »
Président-directeur général de la Sem Guadeloupe EnR, Albert Elatré met en avant le potentiel énorme de l’île en matière d’énergies renouvelables. Mais regrette que l’État ne donne pas le petit coup de pouce qui permettrait à la Guadeloupe d’être autonome plus rapidement sur le plan énergétique.
Martinique Énergies Nouvelles : rattraper le retard à l’allumage !
Titulaire de l’habilitation « énergie », la Martinique veut atteindre les objectifs ambitieux fixés par la loi. À la faveur du nouveau paysage dessiné par la mutation institutionnelle de l’île, la Spl Martinique Énergies Nouvelles a l’ambition d’être le bras opérationnel des collectivités en la matière.
À la poursuite du courant vert
Avec 3 structures en tout et pour tout, Mayotte fait partie des départements les moins bien dotés en entreprise publique locale. Pour autant, elles sont le nerf de sa dynamique, particulièrement dans le domaine énergétique.